Le pont Pompidou refait à neuf sans prendre en compte la sécurité des cyclistes.

Le département engage des travaux sur le pont Pompidou.

Le pont Pompidou à Saint-Hilaire-Saint-Florent est refait à neuf, entre juillet et septembre 2022. Voici le programme des travaux décrit par le département du Maine-et-Loire :

https://www.maine-et-loire.fr/actualites/travaux-en-cours/travaux-sur-le-pont-pompidou-de-saumur

La réunion publique permet des avancées pour les piétons.

L’unique réunion publique d’information (le 09/06/22) en présence du département et la ville de Saumur a suscité de vives réactions d’exaspération de la part de l’assistance. Elle a néanmoins permis d’obtenir un trottoir d’1m40, comme l’exige la loi, pour traverser le pont à pied en sécurité. 

Cependant les cyclistes n’ont pas été entendu·es comme le détaille l’article paru la semaine dernière sur le site de la commune :

« S’agissant du trottoir : le Département et la Ville se sont entendus pour élargir le trottoir, côté amont, à 1,40 m afin d’assurer une meilleure sécurité des piétons. Compte tenu de l’impossibilité de décaler les voies de circulation, celles-ci verront leur largeur réduite de 5,40 m à 5,10 m permettant ainsi une réduction de la vitesse et la mise en place d’un sens de priorité pour le croisement des véhicules. Ces travaux représentent un surcoût de 30 000 €.

Ces interventions s’accompagneront d’un aménagement de la traversée vélo / piéton côté Breil et de la traversée côté Sénatorerie afin d’assurer la continuité des itinéraires. 

https://www.ville-saumur.fr/actualites/pont-pompidou-le-point-sur-les-travaux

La loi LAURE et la loi LOM imposent la mise en œuvre d’aménagements cyclables.

Pourtant, l’article L 228-2 du Code de l’Environnement stipule dans son premier alinéa que :

« A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements prenant la forme de pistes, de bandes cyclables, de voies vertes, de zones de rencontre ou, pour les chaussées à sens unique à une seule file, de marquages au sol, en fonction des besoins et contraintes de la circulation.
Lorsque la réalisation ou la rénovation de voie vise à créer une voie en site propre destinée aux transports collectifs et que l’emprise disponible est insuffisante pour permettre de réaliser ces aménagements, l’obligation de mettre au point un itinéraire cyclable peut être satisfaite en autorisant les cyclistes à emprunter cette voie, sous réserve que sa largeur permette le dépassement d’un cycliste dans les conditions normales de sécurité prévues au code de la route.
Le type d’aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de
mobilité
, lorsqu’il existe. »

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000039784686/

Un recours gracieux pour faire appliquer la loi.

Le 1er septembre, nous avons envoyé un premier recours gracieux à la ville de Saumur, à l’agglomération de Saumur Val de Loire et au Département du Maine-et-Loire pour leur demander d’annuler l’arrêté des travaux et de prendre les mesures nécessaires à la mise en conformité du pont.

Le fait d’être membre la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) nous permet d’être accompagné par leur cellule juridique.

En complément le pont Pompidou se trouve dans le périmètre d’actions prioritaires porté par le schéma directeur cyclable mis en place par Saumur Val de Loire.

Le constat identifié par ce document a le mérite d’être clair :
« Le manque de sécurité à vélo est le premier frein au développement des pratiques cyclables ».

La première action à mettre en œuvre pour palier à ce problème consiste à :
« Assurer une bonne cyclabilité dans un rayon de 5 km autour des pôles ».
Cela se traduit principalement par la création d’aménagements cyclables et de dispositifs réduisant efficacement la vitesse des véhicules motorisés.

Le courrier de notre recours gracieux est disponible ici : https://nc.placeauveloensaumurois.fr/index.php/s/L78dbyFaKDrowcK

« Un passage alternatif » à vélo pénalisant et pas vraiment utilisable.

En dépit de la loi et de la sécurité des cyclistes, le projet ne prévoit pas d’infrastructure cyclable sur le pont.

Mais d’après le Département, « les cyclistes disposent d’une solution de passage alternative » qui consiste à effectuer un long détour le long du Thouet pour emprunter une passerelle piétonne étroite. Cette solution, qui ignore les usages de l’espace public par les mobilités actives, s’avère inacceptable pour développer la pratique du vélo :

  • un parcours régulièrement inondé en hiver
  • une passerelle interdite à vélo
  • un trajet indirect et contre-intuitif, qui sera ignoré
  • un itinéraire plus long + 300 m
  • un temps de parcours rallongé + 2min
  • des obstacles à franchir
  • une passerelle sans espace pour se croiser
  • des revêtement de sol glissants, détériorés
  • un itinéraire sans éclairage
  • un itinéraire avec plus de dénivelées

La passerelle est trop étroite pour la circulation dans les deux sens de cyclistes à pied et de piétons.

Ce type d’aménagement n’est déjà pas acceptable pour l’itinéraire touristique qu’il représente avec la convergence de 2 grandes véloroutes : la Vélo Francette et La Loire à Vélo.

Un itinéraire cyclable qui impose de descendre de son vélo n’est pas acceptable.

Pour encourager la pratique du vélo, l’itinéraire doit être continu et cyclable. Mélanger cyclistes et piétons sur un espace réduit génère du conflit et de l’insécurité au détriment du nécessaire développement de ces modes actifs bons pour la santé et l’environnement.

Les cyclistes continueront de passer par le pont Pompidou.

Nous observons ici que le pont Pompidou représente l’itinéraire le plus direct pour relier le centre ville de Saint-Hilaire à celui de Saumur et la zone commerciale.

La mobilité à vélo permet un déplacement efficace en ville. C’est précisément ce que recherchent les cyclistes. Ce sera toujours l’itinéraire le plus simple, le plus évident et le plus rapide qui sera privilégié par l’écrasante majorité des cyclistes pour traverser le Thouet.

Par conséquent, une majorité de cyclistes sera mis en danger par l’absence d’infrastructure sécurisant ces déplacements sur le pont Pompidou.

Tous ces éléments ont été joint en annexe à notre courrier de recours gracieux pour sensibiliser les élu·es à ce manque d’aménagement cyclable. Le document est consultable ici : https://nc.placeauveloensaumurois.fr/index.php/s/ctkEWDi8iwmmbkW

Des possibilités d’aménagements confortables.

L’espace disponible permet d’envisager une diversité d’aménagements cyclables pour améliorer la sécurité et satisfaire la loi LAURE et la loi LOM.

Dans l’exemple ci-contre, un sens de circulation est réservé aux cyclistes le long du trottoir. Cela permet aussi de sécuriser davantage les piétons qui se retrouvent éloignés du trafic motorisé.

Dans l’autre sens, un passage réduit avec un régime de priorité dans un sens pour les usagers et une voie partagée limitée à 20 km/h pour rendre les cyclistes prioritaires, au milieu de la voie. Cette dernière voie permet plus de sécurité avec une vitesse réduite.

Mettre les cyclistes au milieu de la voie évite les dépassements dangereux sans respect de la distance minimale latérale de sécurité (1 mètre en agglomération).

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